D’origine australienne – elle avait fait des études de peinture puis enseigné à l’Ecole d’Art de Sydney – Anne Dangar (1885-1951) découvre la peinture d’Albert Gleizes et son approche théorique de l’art lors d’un séjour à Paris en 1928.
Convaincue par l’authenticité de la démarche proposée par ce dernier, elle fait le choix de rejoindre Moly-Sabata en mars 1930, où résident déjà le peintre Robert Pouyaud et son épouse.

En accord avec les idées de Gleizes sur l’artisanat, elle délaisse alors la peinture pour le modelage de la terre, inscrivant ses recherches dans cette tradition ancestrale de la poterie vernissée de la Vallée du Rhône qu’elle découvre chez les artisans des villages alentour.

C’est auprès des potiers qu’elle apprend à tourner des objets utilitaires aux formes rustiques dont les motifs géométriques réalisés en couleurs naturelles, tels les spirales ou les entrelacs, évoquent l’art celte de son pays d’origine, l’Irlande.
Sur certains grands plats ou sur des pièces importantes, figurent des décors plus complexes, variations sur des œuvres de Gleizes, Vierges à l’Enfant, La Chute d’Icare ou compositions non figuratives.
Ces pièces, qui permettaient de faire connaître l’œuvre de Gleizes, étaient destinées à une diffusion dans des galeries, en particulier à la galerie de Marcel Michaud à Lyon, Folklore, active entre 1939 et la fin des années cinquante.

Anne Dangar, qui sera véritablement l’âme de Moly-Sabata jusqu’à sa mort, organisait des ateliers de dessin et de peinture destinés aux enfants de Sablons et des communes voisines.

[texte par Christian Briend pour la Fondation Albert Gleizes, 2012]

Portrait de l’artiste par Bruce Adams pour AWARE Archives of Women Artists, Research and Exhibitions

↖ Anne Dangar, Plat creux, vers 1938, terre vernissée, Ø 18,2 cm – Lyon, musée des Beaux-Arts
↖ Anne Dangar, Plat Vierge à l’Enfant entourés d’anges, vers 1942, terre vernissée
↖ Anne Dangar, Pot tripode couvert, vers 1950, terre vernissée, 20 x 17 cm – Lyon, musée des Beaux-Arts